La Fondation haïtienne de développement agricole durable (FONHDAD), dont l’objectif est de promouvoir une agriculture moderne au niveau de la plaine du Cul-de-Sac, a réalisé, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et le département américain de l’Agriculture, un projet pilote de sol au niveau de Bas-Boën. Sur 3 000 hectares considérés, cette étude révèle onze types de sol rien que dans la localité de Bas-Boën, à quelques kilomètres de Ganthier. Les spécialistes ont pris en compte, dans une telle démarche, les propriétés physiques et physico-chimiques des sols de cette région. Ainsi, les décideurs et les responsables du Centre rural de développement durable (CRDD) vont avoir un outil susceptible de guider leurs interventions à ce niveau.
Selon les responsables de la FONHDAD, l’institution à laquelle la gestion de ce centre a été confiée va continuer à travailler pour moderniser l’agriculture dans cette partie du pays. De l’avis du directeur exécutif, Kénel Cadet, les données sur les propriétés des sols revêtent une importance capitale pour l’institution qu’il dirige. Sans ces dernières, a-t-il avoué, il serait difficile de prendre certaines décisions vitales pour le secteur.
Avec une ferme expérimentale, neuf tracteurs, un centre de formation, un dépôt, un dortoir, trois laboratoires équipés, un espace pour la formation à distance et 19 pompes, le Centre rural de développement durable de Bas-Boën dessert plusieurs milliers de cultivateurs de la plaine du Cul-de-Sac. Il participe à la mise en valeur de plus de 30 000 hectares dans cette contrée. D’où l’importance d’avoir des données précises sur les espaces cultivables.
Le centre travaille à tous les niveaux de la chaîne de production primaire. Avec ces laboratoires, il donne non seulement un service de proximité, mais aussi répond aux sollicitations de tous les agriculteurs du pays dans les domaines de l’analyse des sols, dans la gestion des pestes et de bien d’autres domaines susceptibles d’accroître la production agricole du pays.
En vue de faire face à ces fléaux naturels, notamment les changements climatiques, les responsables ont introduit, dans certaines zones, la culture sous serre et l’irrigation goutte à goutte en serre et en plein champ adaptée aux petites et moyennes exploitations agricoles.
Car étendre les superficies cultivées et améliorer le rendement des cultures sont les deux principaux moyens pour augmenter la production agricole. Aussi faible qu’il puisse paraître, le centre intervient à ces deux niveaux. Toutefois, son travail est surtout axé sur la mise à la disposition des agriculteurs de nouvelles pratiques culturales et des paquets techniques adaptés afin d’augmenter la productivité et le revenu des travailleurs de ce secteur. Sans aucune prétention de faire œuvre qui vaille, car, à bien des égards, le rendement peut être encore amélioré, le directeur exécutif de la fondation pense que le développement du secteur agricole est grandement tributaire des centres de ce calibre.
Dans cet ordre d’idées, il s’avère important, de l’avis de M. Severin, dans le milieu, de favoriser des partenariats publics-privés-bailleurs. Ce faisant, les décideurs créeraient, laisse-t-il entendre, les conditions propres à un développement rural et agricole durable. Saluant une telle initiative, l’actuel directeur de la Production végétale croit qu’il est grand temps qu’il y ait des ajustements en profondeur dans ce secteur. La connaissance des propriétés des sols, a-t-il conclu, est un élément non négligeable à prendre en compte.
S’il est vrai qu’avec le plan triennal de la relance agricole, un pas important a été franchi, le chantier de la relance du secteur est encore à la traîne. Les outils modernes susceptibles d’améliorer la productivité des cultivateurs font encore défaut à cette classe. Les problèmes liés à l’octroi du crédit, à la formation, à la mécanisation de l’agriculture et à la connaissance des sols restent criants.
Les autorités gouvernementales doivent, outre la mise en place des centres de développement rural, adopter des mesures d’incitation économiques et promouvoir des technologies nouvelles appropriées de manière à garantir une offre stable de denrées alimentaires d’une valeur nutritive adéquate auxquelles les groupes vulnérables auront accès et permettant une production commerciale en vue de diminuer le déficit évident de la balance commerciale du pays.