«Les saisons ne sont pas régulières. Parfois, il pleut trop. Et les eaux emportent toutes nos récoltes. Tandis qu’il arrive que la sécheresse est tellement longue, que nous perdons toute notre plantation. Et cette année, elle est vraiment trop longue», se plaint Janius Notaire, planteur de riz à Thomazeau, commune d’Haïti, située dans l’arrondissement de Croix-des-Bouquets, à 12 km au nord-est de Port-au-Prince. «Nous vivons de ce que nous plantons et récoltons. C’est une malédiction. La faim nous tue!», se lamente-t-il.
Janius et tous les autres planteurs de la région, font face à une réalité inhabituelle. Il s’agit d’une série de phénomènes naturels qui commence à avoir d’énormes impacts sur leur production agricole. Certains parmi eux, l’attribuent au mauvais destin ou à une fatalité. Les agronomes, de leur côté, plus familier à ce genre de complication, parlent de changement climatique. Pour résister au choc que ce changement peut produire sur l’agriculture en Haïti, ils ont un terme technique : La résilience.
Ainsi, la Fondation Haitienne de Développement Agricole Durable (FONHDAD) en partenariat avec USAID, à travers le projet WINNER, a établi, depuis 2011, un Centre Rural de Développement Durable (CRDD) à Bas Boen, La Tremblay, une localité de Croix-Des-Bouquets, près de Port-au-Prince. Ce CRDD comporte un centre de formation, un dépôt, un dortoir, trois laboratoires destinés à l’étude du sol et un espace pour la formation à distance.
Selon l’agronome Kenel Cadet, directeur exécutif de la FONHDAD, ce centre vise à former les agriculteurs à l’utilisation des techniques modernes en agriculture afin d’augmenter leur revenu potentiel. Mais surtout, il organise une série de formations pratiques pour les planteurs sur les méthodes d’une agriculture adaptée au changement de climat.
Emmanuel Auguste est un paysan vulgarisateur. Il vient tout juste de recevoir son diplôme après trois mois de formation au centre. Il a appris entre autres à identifier les insectes nuisibles et diagnostiquer les maladies aptes à nuire à la production agricole. Cette formation a considérablement changé sa pratique agricole. Et, contrairement aux autres en cette longue période de sècheresse, sa production ne cesse d’accroître.
C’est aussi le cas de Saint Jean Chrislène, une jeune dame qui a décidé de s’adonner à l’élevage. Elle avait du mal à progresser avec son bétail. Les animaux ne pouvaient manger à leur faim et leur valeur marchande était médiocre. Aujourd’hui, grâce aux connaissances acquises après une formation au centre, elle apprécie avec joie le rendement que cela lui procure.
Le respect des normes environnementales est avant tout l’un des éléments importants pour une résilience agricole face à un changement climatique, selon la présidente de la FONHDAD, Christèle Paul. Pour elle, créer une résilience agricole au changement climatique, devrait être l’affaire de tout le monde en Haïti.
Texte: Anderson LAFORET, MINUSTAH
Photo: Taylor Nicole Beck